jeudi 24 janvier 2013

DOCUMENT AUDIO POUR LE NIVEAU B2+ (Tú Anh) :





Tú Anh est créatrice de bijoux en verre !





Tú Anh a une trentaine d’années. Elle habite à Bordeaux depuis son enfance. Elle a une activité aussi originale que fascinante : la création de bijoux artisanaux. Écoutez-la parler de sa passion !
















DOCUMENT AUDIO (6 minutes 31) :

Écoutez l'interview et faites le quiz pour répondre aux questions qui sont posées.









QUIZ :




Service offert par Quizz.biz















TRANSCRIPTION :

Enfin, lisez la transcription (en écoutant l’interview une dernière fois) pour mieux comprendre comment Tú Anh s’exprime.



 

Gabrielle : Tú Anh, tu as une activité vraiment très sympa, est-ce que tu pourrais nous en parler, nous expliquer ce que (1) tu fais ?

Tú Anh : Alors je suis créatrice de bijoux (2) en verre, et je travaille principalement le verre de Murano, qui est un verre coloré que je reçois en baguettes (a), et je le travaille au chalumeau (b). Après, je travaille* aussi le verre en plaque, ça s’appelle du « fusing » ; et je le fusionne au four, à différentes températures, en fonction de ce que je veux obtenir. Mais le verre de Murano qui se travaille en baguettes, ça s’appelle du « verre filé » aussi, parce qu’à partir de ces baguettes, je les file (c) à la dimension que je veux et après avoir filé, je dessine sur mes perles, donc je les sculpte, je mets la forme que je veux et j’… j’incorpore aussi des matières, que ce soit (d) de la feuille d’argent, de la feuille d’or, enfin, tout ce qui ne brûle pas à 700 degrés. Voilà.

Gabrielle : Donc tu fais uniquement des bijoux, ou il y a d’autres objets que tu fabriques aussi ?

Tú Anh : En fait, le verre, l’utilisation du verre est vaste dans le sens où, déjà, nous, on en connaît pas mal (e) dans notre vie quotidienne. Mais je peux** aussi faire des bougeoirs (f)… Je peux le sculpter en fleurs pour en faire des broches (g). Je peux graver le verre, donc le dichroïque, donc ça c’est une autre forme de travail du fusing. C’est… Le dichroïque, en fait, c’est une fine couche de métal collée sur du verre, et c’est la NASA qui a créé ce système, pour les hublots de vaisseaux (h), pour que ça réfléchisse la lumière (3). Et nous, ça nous permet de le graver et d’en faire le motif qu’on veut et de le fusionner par la suite. Donc en fait la, la gravure se fusionne avec le verre et on a, on a un motif qui apparaît de différentes couleurs et c’est pour ça que ça s’appelle du « dichroïque », d’ailleurs, on voit différentes couleurs dans ce verre.

Gabrielle : D’accord. Donc c’est très diversifié, ça a l’air (i) passionnant.

Tú Anh : Ah ouais, oui, oui. Le verre… Comme ça devient liquide, déjà, quand on le chauffe, on peut le reformer, on peut le réutiliser, donc c’est, c’est une matière, déjà, écologique, puisqu’on ne jette pas forcément (4) le verre : si je me trompe dans une pièce, je le jette pas forcément (4), je le garde, et parfois, je, plus tard, tiens, ah oui, on peut le refusionner pour en faire autre chose. Donc je ne jette pratiquement (4) rien.

Gabrielle : D’accord. Et alors, comment est-ce que cette passion t’est venue ? Comment est-ce que tu as commencé à faire ça ? Ça fait longtemps, d’ailleurs ?

Tú Anh : ***, ça fait déjà, euh… Le tout début, en fait, je l’ai vraiment commencé comme hobby, plutôt que comme un métier que je pourrais faire. C’est… Voilà, j’avais envie de fabriquer des, des objets, entre autres pour des sacs parce que j’étais plus dans le textile, dans les matériaux souples, et dans la couture, tout ce qui est vêtements, sacs, trousses... Et en fait, j’avais commencé à f…, à reprendre ce métier après 11 ans de restauration (j), donc, ce qui n’est pas du tout la même chose… Et quand j’ai fait les sacs, il me manquait pas mal de choses, entre autres les fermoirs (k) des sacs, que je n’arrivais pas à trouver à mon goût, ou des choses très classiques. Alors je me suis mise à (l) chercher une matière, que je pourrais travailler assez facilement, qui soit (5) quand même assez colorée, et qui soit (5) réutilisable, retransformable, ou qu’on puisse (5) le modeler aisément (4). Et j’avais pensé à la pâte Fimo, qui est une pâte polymère, mais pour le chauffer, ça dégage forcément des odeurs, des solvants et j’ai pas trouvé ça très, très écologique. Donc du coup (m), j’ai cherché une autre matière et c’est là que j’ai rencontré un verrier (n) qui est sur Pissos (6), qui est un petit village des Landes. Et ce verrier souffle des vases, des, des plats, et j’ai trouvé son travail tellement magnifique que (7) je me suis dit : « c’est ça qu’il faudrait que je fasse (8) comme fermoirs », un objet qui puisse (5) être transportable, en verre.

Gabrielle : Ouais, ouais.

Tú Anh : Et avec ces couleurs, avec ces inclusions (o) de, de fer, de, de bulles, parce qu’il faisait énormément (4) de bulles… Ah, d’ailleurs**** aussi, il y a, il y a un souffleur de verre à Brantôme, qui est très connu. Voilà, c’est le travail du verre en général. Et je me suis dit, « Tiens, je vais commencer à me, me renseigner sur le travail du verre », et c’est là que j’ai découvert en fait les gens qui fabriquent des perles, des perles en verre filé. Et c’est là que j’ai commencé à me lancer dans le verre. Mais pas forcément (4) pour les bijoux. Et c’est par la suite que je me suis mise à faire des bijoux.

Gabrielle : Et depuis quand alors c’est ton activité professionnelle ?

Tú Anh : Euh, depuis… professionnelle, ça fait deux ans, que je me suis vraiment mise à, à vendre mes créations. Mais ça fait, je, je pense, 5 voire 6 ans que je travaille le verre, enfin, que, que j’essaye de travailler le verre et que j’essaye de… d’« apprivoiser » (p) la matière. Voilà.

Gabrielle : Et alors tu as une boutique pour vendre tes bijoux.

Tú Anh : Voilà.

Gabrielle : Tu peux nous dire où c’est ?

Tú Anh : Eh bé, j’habite à Bordeaux, déjà, et donc j’ai ma boutique dans Bordeaux centre, une toute petite boutique qui fait atelier en même temps, et ce que j’aime aussi dans ma boutique, c’est d’exposer aussi d’autres créateurs, que ce soit (d) des peintres, des graphistes, j’ai des petits tableaux, bé, d’amis ou de gens que je connais, dont (8) j’apprécie le travail. Et voilà. J’aime allier mon travail avec ceux des autres créateurs. Voilà. Je trouve ça sympa aussi de partager un espace en commun, et pas d’être seul dans son coin. Voilà.

Gabrielle : Donc ça fait plein de rencontres, en fait.

Tú Anh : Ouais, ouais, ça fait plein de rencontres. D’ailleurs j’ai rencontré une, une personne qui fabrique des chapeaux, donc, qui s’appelle Charlotte, et voilà. Et je me suis dit que ça serait bien de, d’allier le verre, tout ce qui est sculpture du verre, avec ces magnifiques chapeaux en feutre ou en laine.

Gabrielle : Tu as plein de projets, c’est formidable !

Tú Anh : Ouais. Et puis de toute façon, les projets, ça… c’est en rapport aussi avec les rencontres qu’on fait. Donc là, j’ai eu la chance de rencontrer cette personne qui est, voilà, qui est ouverte aussi à, à tout ça, et ça, ça fait de, de jolis mélanges !

Gabrielle : Bien, bé écoute, on va mettre des photos à la suite de cette interview comme ça les gens pourront voir à quoi ça ressemble !

Tú Anh : Voilà. Et puis vous êtes les bienvenus dans ma boutique à Bordeaux !

Gabrielle : Allez à Bordeaux, allez voir Tú Anh ! Merci !

Tú Anh : À bientôt !



Remarques sur les prononciations et les habitudes de langage :

*Je travaille : prononcé vite, ce groupe de mot se dit presque « ch’travaille » [ʃtravaj]. C’est une prononciation courante bien qu’un peu informelle.

**Je peux : ici, de la même manière, Tú Anh dit « ch’peux » [ʃpø]. Mais juste après, elle dit de nouveau clairement « je peux » [ʒəpø]. Les deux prononciations s’utilisent autant l’une que l’autre. Vous pourrez trouver d’autres exemples dans cette interview avec « ch’trouve » par exemple.

*** Bé : Souvent, pour introduire une explication, on dit « Eh bien » ou « Eh ben ». « Bé » (qu’on n’écrit normalement pas !) est une variante du sud de la France. C’est une des caractéristiques d’un « accent du sud ». Celui de Tú Anh n’est pas très marqué. Mais (comme moi !) elle prononce beaucoup plus les « e muets » que des Suisses, des Belges, ou des gens de la partie nord de la France. Par exemple, elle ne dit pas tellement « p’tit » mais plutôt « petit » ! Elle ne dit pas « principal’ment » mais « principalement ». Etc.

**** Les digressions : C’est très courant lorsqu’on parle, de penser brusquement à autre chose et de développer en quelques mots un autre sujet. On peut dire, « Ah, d’ailleurs, ça me fait penser à autre chose », ou une phrase similaire. Tú Anh fait cela ici. Mais elle ne dit pas beaucoup de choses sur ce souffleur de verre de Brantôme et elle oublie de revenir à ce qu’elle disait. Elle conclut ses remarques sur les souffleurs (« Voilà… ») et elle revient à sa situation personnelle. D’où une rupture dans la logique du discours. Ce n’est pas inhabituel dans un monologue ou une discussion.



Remarques de grammaire :

1/ Ce que : pensez à utiliser les pronoms relatifs composés « ce que », « ce qui », « ce dont »à la place de « la chose que », « l’activité qui », etc. Et dans ces phrases affirmatives, n’utilisez pas « qu’est-ce qui / que », formulation réservée aux questions. Exemple : « Qu’est-ce que tu dis ? Je ne comprends pas ce que tu dis ».

2/ Un bijou, des bijoux : Les mots se terminant en « -ou » se finissent normalement par « ous » au pluriel (« bisous », « trous », etc.) mais PAS « bijou », ni « caillou », « chou », « genou », « hibou », « joujou » et « pou » qui font au pluriel « bijoux », « cailloux », etc.

3/ Pour que ça réfléchisse la lumière : vous remarquerez que « pour que » est suivi du subjonctif, tout comme son synonyme « afin que ». Le verbe « réfléchir » fait partie de ces verbes se terminant en « -ir » et dont la base s’allonge en « -iss » au présent de l’indicatif (pluriel), à l’imparfait, au subjonctif présent. Exemples d’autres verbes de ce type : finir, grandir, grossir, mincir, applaudir, choisir, remplir, fleurir, embellir, agir, rajeunir, ralentir, punir, guérir… (vous remarquerez qu’il s’agit de verbes de changement, d’évolution). « Connaître » se conjugue de manière similaire.

4/ Forcément = nécessairement. / Pratiquement = presque / Aisément = facilement / Énormément = beaucoup. Pour réviser la formation des adverbes, consultez ce site.

5/ …qui soit / …qu’on puisse / … qui puisse : le subjonctif n’est pas obligatoire dans une phrase relative. Mais on l’utilise souvent lorsqu’on souhaite évoquer un élément non concrétisé, hypothétique (c’était le cas quand Tú Ahn cherchait une solution pour ses fermoirs). Plus d’informations et un exercice sur la page suivante.

6/ sur Pissos : Pissos est, comme vous avez pu le deviner, une localité. Ce village est dans le département français des Landes, au sud de Bordeaux. Normalement, bien sûr, on utilise « à » comme préposition devant un nom de ville. Mais dans un français un peu informel, et pour laisser supposer qu’on associe une activité à ce lieu, on utilise parfois « sur ». Exemples : « Je suis allée trois fois à Bordeaux », « Elle travaille sur Bordeaux, elle y tient un magasin ».

7/ tellement + adjectif + que : cette structure permet d’exprimer une conséquence. Exemple : « Les bijoux de Tú Ahn sont tellement beaux que je lui ai acheté 3 colliers ».

8/ Il faut que / Il faudrait que / « Il fallait que » + subjonctif. Quelle que soit la forme à laquelle il est conjugué, « falloir que » est suivi du subjonctif. Il ne faut pas que vous l’oubliiez ! ;-)

8/ dont = de qui.



Remarques de vocabulaire :

a/ Des baguettes de verre = des sortes de bâtons de verre, plus ou moins épais. Regardez la photo plus bas.

b/ Un chalumeau = Un appareil qui produit un jet de flamme à très haute température, utilisé pour fondre les métaux ou, comme ici, le verre.

c/ Filer le verre = faire des fils avec le verre fondu, afin de le modeler. Regardez la vidéo de Tú Ahn !

d/ Que ce soit… (ou que ce soit)… = « ou… ou… » (pour présenter une alternative).

e/ Pas mal = beaucoup ou bien. Exemples : « Il a des amis, il en a pas mal » (= Il en a un assez grand nombre). « Il chante pas mal » (=Il chante assez bien, plutôt bien »).

f/ Un bougeoir = un objet, un support, où on place des bougies.

g/ Une broche = un bijou que l’on peut fixer à un vêtement. Une broche permet aussi de faire des grillades, mais ce n’est pas de cela dont parle Tú Ahn !

h/ Des hublots de vaisseaux : un hublot est une fenêtre de bateau ou d’avion, ou encore d’engin spatial (un « vaisseau »).

i/ Ça a l’air = Ça semble, = Ça paraît, = Ça donne l’impression d’être…

j/ La restauration : Tú Ahn ne parle pas de la restauration de meuble ou d’objets anciens, comme on pourrait le croire, mais bien du fait de posséder un restaurant. Elle a eu deux restaurants, elle en était la chef. Elle s’est complètement réorientée, mais il lui arrive toujours de cuisiner pour ses amis… Avec talent !

k/ Un fermoir = un mécanisme pour fermer un sac, un vêtement.

l/ Je me suis mise à = j’ai commencé à.

m/ Du coup est un synonyme informel de « donc ». Mais il arrive souvent qu’on utilise les deux en même temps !

n/ Un verrier = un artisan qui fabrique des objets en verre. Cet artisanat s’appelle la « verrerie ».

o/ Une inclusion : le fait d’inclure, d’insérer quelque chose à l’intérieur. Le mot est assez technique.

p/ Apprivoiser : normalement, on apprivoise un animal sauvage. Ici, c’est une façon de dire que le verre n’est pas facile à travailler mais qu’elle essaie d’en faire exactement ce qu’elle veut malgré cette difficulté.





POUR DÉCOUVRIR LE TRAVAIL DE TÚ ANH :


- Regardez son ultra-book.  


- Visionnez une de ses vidéos sur Youtube.


- Allez la voir dans sa boutique si vous passez par Bordeaux ! Si elle n’est pas là, revenez plus tard, ne vous découragez pas, elle est peut-être juste en déplacement professionnel… Et si elle est là, n’oubliez pas de lui dire que vous avez découvert son travail sur ce blog… 


- Admirez les photos de quelques-unes de ses techniques et de ses créations :

Le verre filé :


 


 

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